Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.

(sauf indications).
Tous droits réservés.

 

 

Pupes dans les figues mûres

 

 

 

Selon le plan suivant : présence de pupes dans les figues mûres, date de ponte, identification de l'espèce d'appartenance, observation particulière (pupe à flanc de figue mûre).

 

PRÉSENCE DE PUPES DANS LES FIGUES MÛRES

 

J’observe régulièrement la présence de pupes dans des figues mûres de début de saison de la variété 'Bourjassotte Noire'. Je dois souligner que 'Bourjassotte Noire' (principale variété commerciale en France) est la seule variété pour laquelle j'ai observé la présence de pupes dans des figues mûres. Je n'en ai jamais trouvé dans les figues des autres variétés que je pratique : 'Grise de la Saint-Jean', 'Bellone', 'Col de Dame Noire' et 'Dauphine' (les deux dernières étant des variétés commerciales assez répandues en France).
 

Pupe de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre

Pupe de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre.
(variété 'Bourjassotte Noire' ; 30 août 2017).

 

Pupe de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre de la variété 'Bourjassotte Noire'

Pupe de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre de la variété 'Bourjassotte Noire'.
(noter les dégâts de larves brunâtres, à gauche et sur le devant).

 

En règle générale, la figue ne contient qu'une pupe. J'en trouve parfois deux, et j'ai pu plus rarement en compter trois. Dans certains cas, les pupes sont accompagnées de larves mortes de couleur noire, sachant que j’ai trouvé aussi dans l’infrutescence mûre des larves mortes sans que les pupes ne soient présentes.
 

Pupe de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre

Pupe de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre, entourée de dégâts de larves.
(variété 'Bourjassotte Noire' ; 30 août 2017).

 

J'ai remarqué que la majorité des pupes trouvées dans les figues mûres sont ouvertes, ce qui signifie qu'une émergence d'imago a eu lieu à l'intérieur de la figue (je retrouve d'ailleurs dans l'infrutescence le corps desséché des jeunes imagos qui ont succombé).
 

Pupe vide de Silba adipata McAlpine trouvée dans une figue mûre

Pupe vide de Silba adipata McAlpine trouvée dans une figue mûre.
(variété 'Bourjassotte Noire' ; 30 août 2017).

 

Je trouve néanmoins dans les figues mûres une minorité de pupes qui sont encore pleines. Cela ne signifie pas qu'elles résultent forcément de pontes moins anciennes que celles qui correspondent aux pupes vides. En effet, comme pour les pupations dans la terre, il se peut que la nymphose ne soit pas allée à son terme, ou que l'émergence n'ait pas eu lieu et que l'imago soit mort à l'intérieur de la pupe.
 

Pupe pleine de Silba adipata McAlpine trouvée dans une figue mûre

Pupe pleine de Silba adipata McAlpine trouvée dans une figue mûre.
(variété 'Bourjassotte Noire' ; 30 août 2017).

 

DATE DE PONTE

 

Il est facile de vérifier que les pupes que l'on trouve dans une figue mûre résultent obligatoirement d'une ponte qui a été réalisée au stade immature de la figue.

La ponte de Silba adipata McAlpine a lieu 9 à 10 jours avant le début de la pupation (incubation des œufs : 3 jours + développement complet de la larve : 6 à 7 jours - durées biologiques en période d'été). Ainsi, dans le cas d'une figue à pleine maturité (généralement début véraison + 5 jours), la ponte dont résulte la pupe a eu lieu au minimum 4 à 5 jours avant le début de la véraison. La figue était alors au stade immature (dure et verte). Il s'agit d'un délai minimal car la pupe peut être, bien entendu, plus ancienne (et c'est généralement le cas).

Après la ponte, la figue a poursuivi son développement jusqu'à la maturité, sans chuter au sol au stade immature, contrairement à la plus grande partie des figues infestées par Silba adipata McAlpine.

 

ESPÈCE D'APPARTENANCE DES PUPES

 

IMPOSSIBILITE DE PRESENCE DE PUPES DE CERATITIS CAPITATA WIEDEMANN

La présence de pupes dans les figues mûres induit la problématique de l’espèce à laquelle appartiennent ces pupes : Silba adipata McAlpine ou Ceratitis capitata Wiedemann (cératite, mouche méditerranéenne des fruits). Je mets de côté les pupes de Drosophila suzukii Matsumura, qui sont facilement reconnaissables (par leur taille et leur forme). Sachant que je n’ai jamais trouvé de pupes de cette espèce en ouvrant une figue mûre avant consommation.  Je n’en ai vu apparaître que dans des boîtes d’émergence où j’avais placé des figues mûres.

Initialement, je me suis demandé si les pupes que je trouvais dans les figues mûres appartenaient à l'espèce Silba adipata McAlpine ou Ceratitis capitata Wiedemann (ou aux deux...). A l’examen de celles que j’avais extraites de l’infrutescence, elles me paraissaient appartenir (par la taille et la forme) à l’espèce Silba adipata McAlpine. Les pupes de Ceratitis capitata Wiedemann sont un peu plus grandes et nettement plus larges (plus bombées).
 

Pupes de Ceratitis capitata Wiedemann (à gauche) et de Silba adipata McAlpine

Pupes de Ceratitis capitata Wiedemann (à gauche) et de Silba adipata McAlpine.
 

En fait, en considérant les limites de ponte et le cycle de vie de Ceratitis capitata Wiedemann, j’ai conclu qu’il est impossible qu’il puisse se produire une pupation de cette espèce dans une figue mûre à très mûre. En effet, pour une pupe trouvée dans une figue, compte tenu de la durée de l’incubation des œufs (3 jours), de celle du développement complet de la larve (6 à 7 jours), la ponte à l’origine de la pupe a eu lieu au minimum 9 à 10 jours avant le début de la pupation.

Or, d'après mes observations, le stade de figue mûre consommable se situe 3 à 6 jours après le début de la véraison, selon les variétés et selon le stade de maturité que l’on considère. Plus précisément, figue tout juste mûre : début véraison + 3 jours pour la variété 'Grise de la Saint-Jean' et + 4 jours pour la variété 'Bourjassotte Noire' ;  figue mûre à point : début véraison + 4-5 jours ; figue très mûre : début véraison + 5-6 jours ; au-delà : figue en surmaturité.

Ainsi, en considérant le délai le plus long (figue très mûre, début véraison + 6 jours pour 'Bourjassotte Noire'), et en rappelant que le délai de début de la pupation après la ponte est de 9 à 10 jours, la ponte a eu lieu 3 à 4 jours avant le début de la véraison, donc dans une figue immature verte et dure. Ce qui est possible pour Silba adipata McAlpine, qui positionne ses œufs sous les écailles ostiolaires horizontales. Mais ce qui ne l'est pas pour Ceratitis capitata Wiedemann, qui pond soit à travers l'épiderme (trop dur dans le cas d'une figue immature), soit dans l'ostiole lorsqu'il est bien ouvert (pratiquement fermé pour une figue immature).

 

CAS PARTICULIER

Il faut signaler un cas particulier d'occurrence rare : l'oviposition de Ceratitis capitata Wiedemann dans une figue immature via un trou de sortie de larve de Silba adipata McAlpine.

Alain COSTA, ingénieur agricole qui conseille les producteurs de figues de la région d'Albatera, en Espagne, m'a rapporté avoir réalisé plusieurs fois cette observation sur des figues fleurs immatures de la variété 'Colar de Albatera' tombées au sol par suite d'une attaque de Silba adipata McAlpine. J'ai pu observer à deux reprises ce phénomène, mais sur des figues toujours sur l'arbre, en particulier le 17 juillet 2019, sur une figue immature de la variété 'Bellone' (photographies ci-après).
 

Ceratitis capitata Wiedemann pondant dans le trou de sortie d'une larve de Silba adipata McAlpine

Ceratitis capitata Wiedemann pondant dans le trou de sortie d'une larve de Silba adipata McAlpine.
(figue immature de la variété unifère 'Bellone').

 

Ceratitis capitata Wiedemann pondant dans le trou de sortie d'une larve de Silba adipata McAlpine

Ceratitis capitata Wiedemann pondant dans le trou de sortie d'une larve de Silba adipata McAlpine.
(figue immature de la variété unifère 'Bellone').

 

J’ai placé la figue en boîte d’émergence, et aucune larve n’a été libérée. Il s'agissait peut-être d’une “piqûre stérile” (sans émission d'œufs, ou avec œufs non fécondés), rencontrée assez fréquemment chez Ceratitis capitata Wiedemann. Ou la larve est née, mais elle est morte dans la cavité centrale. Je ne connais pas la faculté de la larve de Ceratitis capitata Wiedemann à subsister dans l'inflorescence d'une figue immature.

La présence d'un trou de sortie de larve de Silba adipata McAlpine permet de dater la ponte correspondante à au moins 9 à 10 jours avant (durée d'incubation des œufs : 3 jours; durée de développement complet de la larve : 6 à 7 jours). Pendant ce délai, la figue immature attaquée s'est ammolie et a partiellement changé de couleur. La larve de Ceratitis capitata Wiedemann pourrait peut-être survivre et se développer dans l’inflorescence amollie.

Si c'est le cas, pour que la pupe de Ceratitis capitata Wiedemann commence à se former, il faut également compter de 9 à 10 jours. Pour trouver une pupe de cette espèce dans la figue mûre, il faut que la figue avec le trou de sortie de larve de Silba adipata McAlpine ne chute pas au sol et continue à évoluer vers la maturité (rappel : 2 à 5 % des figues mûres récoltées, pour certaines variétés seulement), et que la figue atteigne la maturité au moins 9 à 10 jours après la ponte dans le trou de sortie de larve.

La rareté de l'oviposition de Ceratitis capitata Wiedemann dans un trou de sortie de larve de Silba adipata McAlpine, et la nécessité de réalisation des deux conditions précitées, rendent négligeable la probabilité de trouver une pupe de Ceratitis capitata Wiedemann dans une figue mûre. Mais, en toute rigueur, on ne peut pas l'exclure.

 

OBSERVATION PARTICULIÈRE : PUPE A FLANC DE FIGUE MÛRE

 

Bernard PEYRE, ancien producteur de figues et consultant-formateur pour la culture commerciale de la figue, m'a fait part le 17 septembre 2019 d'une curieuse observation réalisée sur un plateau de figues de la variété 'Bourjassotte Noire' qu'il venait d'acheter. Sur le flanc d'une des figues mûres, dans une fissure de l'épiderme, se trouvait une pupe (photographie ci-après).
 

Pupe sur le flanc d'une figue mûre

Pupe sur le flanc d'une figue mûre, variété 'Bourjassotte Noire'.
 Crédit : Bernard PEYRE
.
 

Bernard PEYRE m'a précisé que la pupe était vide. Je n’ai jamais rencontré un tel cas, mais, compte tenu du fait qu’il n’est pas possible qu’une pupe de Ceratitis capitata Wiedemann se constitue dans une figue au stade d’évolution de la figue photographiée, il s’agit d’une pupe de Silba adipata McAlpine.

La disposition de la pupe dans une fissure aussi profonde pourrait faire penser que la larve n’était pas dans la figue qui a mûri, mais est venue de l’extérieur (en tombant du dessus, par exemple). Elle se serait logée dans la fissure et s’y serait transformée en pupe, comme le font facilement, selon mes observations, les larves hors de terre (dans les endroits les plus improbables).

Si la larve avait atteint son complet développement au moment de son positionnement et si la pupe avait été pleine (nymphose en cours), ce scénario aurait pu être envisageable. Mais la pupe étant vide, cela signifie que la larve serait arrivée dans la fissure au moins 10 jours avant, soit 5 jours avant le début de la véraison (figue concernée au stade de maturité début de véraison + 5 jours). La fissure de l’épiderme n’existait pas sur la figue immature et une pupation à la surface d’une figue immature est peu probable, quoique non impossible. Il semble donc que la pupe s'est formée à l'intérieur de la figue près de l'épiderme et qu'elle est apparue lors du déchirement de celui-ci lorsque la figue a gonflé, en phase finale du mûrissement.

En agrandissant à 100 % la photographie envoyée par Bernard PEYRE, on distingue un petit trou sur la pupe.
 

Pupe sur le flanc d'une figue mûre, variété 'Bourjassotte Noire' : noter le trou sur la pupe

Pupe sur le flanc d'une figue mûre, variété 'Bourjassotte Noire' : noter le trou sur la pupe.
Crédit : Bernard PEYRE.
 

On pourrait en déduire que la pupe a été attaquée par un parasite. Je ne connais qu’un parasite pour Silba adipata McAlpine : Pachyneuron vindemmiae Rondani (voir détails dans le chapitre "Lutte biologique"). F. SILVESTRI indique que la femelle recherche pour y pondre des pupes se trouvant à la surface du sol, entre les fruits tombés, ou à faible profondeur. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146. La pupe observée affleurant nettement à la surface de la figue se trouve donc dans une position propice à l'attaque de ce parasite.

Mais en agrandissant la photographie à la limite de la lisibilité, je distingue assez nettement 3 trous en ligne oblique et je crois en percevoir 2 à 3 autres groupés en haut de la pupe. Je ne sais pas expliquer ces trous, et la définition de la photographie à cet agrandissement ne permet pas d'en savoir plus. On pourrait suspecter des trous résultant de pontes de Drosophila suzukii Matsumura dans la pupe vide, mais l'espèce pond directement dans la figue à travers l'épiderme. A moins d'imaginer que les larves issues de ces pontes rejoignent l'infrutescence pour s'y nourrir...
 

Trous dans une pupe à flanc de figue mûre

Trous dans une pupe à flanc de figue mûre.
Crédit : Bernard PEYRE.
 

 

 

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