Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET

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Piégeage de masse

 

Relevé des expériences dans la littérature

 

 

 

Dans le chapitre précédent, j'ai traité le principe et les modalités du piégeage de masse contre Silba adipata McAlpine. Dans le présent chapitre, je fournis les comptes rendus d'expériences de piégeage de masse relevés dans la littérature. Sachant que dans les chapitres suivants, je fais part de mes propres expérimentations.

Je rapporte ci-après les comptes rendus d'expérience que j'ai étudiés, classés par ordre chronologique.

Sachant qu'il en existe d'autres que je n'ai pas encore exploités et qui feront l'objet d'un enrichissement progressif du présent chapitre.

 

J. GHESQUIERE (1949)

Référence : GHESQUIERE J., 1949, La mouche noire des figues Lonchaea aristella Beck. à la Côte d'Azur, comptes rendus des séances de l'Académie d'agriculture de France, T. 35, pp. 650-653.

J. GHESQUIERE indique que "le piégeage au moyen de gobe-mouches entrepris par BALLARD en Egypte a donné de bons résultats, et, fait intéressant, les femelles capturées n'étaient pas gravides".

Il précise que le mélange attractif était : mélasse 10, vinaigre raffiné 30, eau 100. Cette combinaison ayant l'avantage d'attirer également Ceratitis capitata Wiedemann et Dacus oleae Rossi.

Il ajoute qu'en été on peut utiliser aussi le savon Clensel dilué dans l'eau à 3,3 pour cent.

 

R. PUSSARD (1950)

Référence : PUSSARD R., 1950, A propos de la mouche noire des figues Lonchaea aristella Beck., comptes rendus des séances de l'Académie d'agriculture de France, T. 36, pp. 144-145.

R. PUSSARD rapporte qu'il a constaté au cours de l'été 1949 qu'une solution aqueuse de phosphate d'ammoniaque, préconisée par les entomologistes espagnols pour la capture de la mouche de l'olive (Dacus oleae Rossi), permettait également la capture de la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata Wiedemann) et de la mouche noire du Figuier.

Les auteurs espagnols utilisaient une solution à 3 pour cent, mais au cours de ses essais il a établi qu'une solution à 3 pour mille était encore très efficace pour la capture des trois mouches précitées.

Il indique que pour rendre la solution plus attractive pour la mouche noire du Figuier, on peut utiliser un mélange à parts égales de solution de phosphate d'ammonium à 3 pour mille et d'un extrait aqueux stabilisé de rameaux de figuier, débris de taille par exemple.

 

B. I. KATSOYANNOS (1983)

Référence : KATSOYANNOS B. I., 1983, Field observations on the biology and behavior of the black fig fly Silba adipata McAlpine (Diptera, Lonchaeidae) and trapping experiments, Zeitschrift für Angewandte Entomologie Vol. 95, Issue 1-5, pp. 471-476.

B. I. KATSOYANNOS a observé en 1981 et 1982 des populations importantes de mouches noires du Figuier et expérimenté des procédés de piégeage dans l'île de Chios (Grèce).

Les expérimentations ont été menées avec des pièges de marque Rebell (rectangles de plastique jaunes englués sans attractif alimentaire) et des pièges de type McPhail pourvus en appât d'une solution aqueuse (2 %) de sulfate d'ammonium ou d'une faible quantité de latex frais de figuier.

Concernant le latex, un procédé a été expérimenté en 1981 : 1 ml de latex dissous dans l'eau ; trois procédés ont été testés en 1982 :  0,5 ml de latex frais dissous dans l'eau, 10 gouttes de latex dissoutes dans l'eau et  0,5 ml de latex versé sur un morceau de coton suspendu dans le piège contenant de l'eau. Le latex a été collecté à partir de feuilles vertes ou de figues immatures arrachées ;  il a été directement placé dans le piège ou préalablement recueilli dans une bouteille.

Les pièges ont été suspendus pendant 2 à 5 jours dans 6 figuiers de grand développement espacés de 10 à 100 m. Le nombre de pièges McPhail utilisés avec le sulfate d'ammonium a été de 18 en 1981 et de 13 en 1982. Celui des pièges McPhail utilisés avec le latex a été de 4 en 1981 et de 4 à 6 en 1982 (selon le type d'appât). Celui des pièges Rebell a été de 9 en 1981 et de 13 en 1982.

Les résultats de ces expérimentations montrent que les pièges de type McPhail pourvus d'une solution aqueuse (2 %) de sulfate d'ammonium ont été fortement attractifs pour Silba adipata McAlpine (moyenne quotidienne des captures par piège : 45 en 1981 et 43 en 1982).

Les pièges McPhail pourvus de 1 ml de latex frais dissous dans l'eau se sont montrés attractifs, mais moins que les précédents (moyenne quotidienne des captures par piège : 32 en 1981, seule année où ce procédé a été expérimenté).

Les autres procédés de piégeage à base de latex, expérimentés en 1982, se sont montrés moins efficaces : 0,5 ml de latex frais de figuier dissous dans l'eau (moyenne quotidienne des captures par piège : 17) ; 10 gouttes de latex dans l'eau (moyenne : 14 captures) ; 0,5 ml de latex versés sur du coton (moyenne : 9 captures).

B. I. KATSOYANNOS précise que les pièges pourvus de solution aqueuse (2 %) de sulphate d'ammonium ont attrapé de nombreux autres insectes que Silba adipata  McAlpine, pour la plupart des diptères dont Ceratitis capitata Wiedemann, alors que ceux pourvus de latex frais ont capturé presque exclusivement Silba adipata McAlpine.

Selon lui, on peut utiliser les pièges McPhail pourvus d'une solution aqueuse (2 %) de sulfate d'ammonium pour la surveillance et une possible régulation de Silba adipata McAlpine. Il pense que l'attractivité du latex de figuier mérite d'être approfondie, dans la perspective d'une amélioration de l'efficacité et de la sélectivité des pièges.

Concernant les pièges englués jaunes de marque Rebell, B. I. KATSOYANNOS a constaté qu'ils sont peu ou pas attractifs pour Silba adipata McAlpine. Il indique qu'il a été pourtant prouvé par plusieurs auteurs qu'ils sont attractifs pour beaucoup d'espèces de mouches de la famille des Tephrytidae, dont la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata Wiedemann) et les mouches attaquant la pomme, la cerise et l'olive.

 

B. I. KATSOYANNOS et P. M. GUERIN (1984)

Référence : KATSOYANNOS B. I., GUERIN P. M., 1984, Hexanol : a potent attractant for the black fig fly, Silba adipata, Entomologia Experimentalis et applicata, Volume 35, Issue 1,  pp. 71-74.

Au cours des mois d'août et septembre 1982, B. I. KATSOYANNOS et P. M. GUERIN ont testé dans l'île de Chios, en Grèce, sept composés organiques volatiles : hexanol, hexanal, hexylacetate, heptanol, octanal, nonanol et nonanal (pureté supérieure ou égale à 97 %).

Les composés ont été placés à l'intérieur de pièges de type McPhail contenant un peu d'eau dans le fond pour recueillir les mouches.

Les pièges ont été suspendus à de grands figuiers (10 m de haut et 10-15 m de large), entre 1 et 3 m du sol et à 1 m à l'intérieur du feuillage. Les figuiers étaient distants de 20 à 200 m les uns des autres et séparés par des cultures irriguées de légumes et d'agrumes.

L'analyse du nombre de captures a permis de conclure que le seul composé efficace en tant qu'attractif pour Silba adipata McAlpine est l'hexanol : il a permis la capture de 60 mouches par jour et par piège, avec un ratio femelles / mâles de 3 pour 1.

Une seconde expérimentation a comparé l'hexanol et le sulfate d'ammonium (solution aqueuse à 2 %) utilisés seuls, ainsi que la combinaison des deux produits dans le même piège.

L'analyse des captures a montré la même efficacité pour le sulfate d'ammonium et l'hexanol, mais ce dernier s'est montré beaucoup plus sélectif pour Silba adipata McAlpine.

Et la combinaison de l'hexanol avec le sulphate d'ammonium a permis la capture de 3 fois plus d'individus qu'avec l'un ou l'autre des deux produits utilisé seul.

Il me paraît important de souligner que l'hexanol (1-hexanol ou Hexyl alcohol, CAS 111-27-3) se présente sous forme liquide, mais qu'il n'a pas été utilisé en solution aqueuse ou en mélange dans la solution de sulfate d'ammonium.

Les expérimentateurs l'ont placé dans des tubes cylindriques en polyéthylène de 30 mm de long et de 15 mm de diamètre, percés à leur sommet de 8 trous de 1 mm de diamètre. Un tube a été suspendu à l'intérieur de chacun des pièges de type McPhail.

La libération d'hexanol sous forme de vapeur a été de 50 à 100 mg par jour (pour une température de mi-journée de 25 à 30 °C).

Je déduis de cette indication qu'un gramme d'hexanol est consommé par un piège pendant une période variant de 20 à 10 jours.

Par approximation raisonnable et sous réserve d'une vérification sur le terrain, je prends pour hypothèse la valeur intermédiaire de 15 jours pour la période d'utilisation d'un piège correspondant à la consommation d'un gramme d'hexanol.

Ainsi, en considérant qu'un piège pour la mouche noire du Figuier doit rester en place 4 mois (soit 120 jours) pour une récolte (par exemple, la première récolte d'un figuier bifère), on peut estimer la consommation d'hexanol d'un piège à 8 grammes par récolte.

La densité de l'hexanol étant de 0,8139, 1 litre d'hexanol pèse environ 0,8 kg.

Avec un litre d'hexanol, on peut donc alimenter 100 pièges posés pendant les quatre mois requis.

 

S. I. ABDULLAH et K. Th. FANDY ( 2006)

Référence : ABDULLAH S. I., FANDY K. Th., 2006, Effect of some attractive bait traps and independent factors in population density of Fig Fruit Fly Silba virescens Macq. (Lonchaeidae : Diptera) in Nineveh Province - Iraq, Arab J. Pl. Prot., Vol. 24 (1), pp. 41-44.

Note : J'ai constaté que sur le site Lonchaeidae Online, Iain MACGOWAN applique une rectification en tête du résumé de l'article sur la fiche descriptive qu'il a ajoutée en 2010 dans la rubrique "Littérature". En écrivant : "Page editors note - the species referred to here as Silba virescens is most probably Silba adipata McAlpine" ("Note des éditeurs de la page : L'espèce à laquelle on se réfère ici comme Silba virescens est plus probablement Silba adipata McAlpine").

L'expérimentation a été menée dans un verger comportant deux variétés de figues ('Northern Banati' et 'Turkish Black') dans la province de Nineveh en Iraq, pendant la période d'avril à décembre 2000.

Six types de pièges contenant des attractifs différents ont été suspendus à 3 hauteurs différentes (1,5 m, 2 m et 2,5 m).

Les relevés des captures de mouches noires du Figuier ont montré l'efficacité de deux d'entre eux : le type 4 (pourvu de miel de dattes et d'eau dans la proportion 1:9) et le type 5 (mélange de 10 % de sucre et 30 % de vinaigre de dattes), qui ont permis respectivement une moyenne de captures de 43,2 et 45,1 mouches / piège.

Le type de piège témoin, contenant uniquement de l'eau, se montrant faiblement attractif (moyenne de 0,9 mouche par piège). 

Concernant la hauteur de suspension des pièges, les pièges situés à 2,5 m ont attiré une moyenne de 34,3 mouches par piège.

La variété 'Turkish Black' s'est montrée plus sensible à l'infestation par la mouche noire du Figuier (34,2 %) que la variété 'Northern Banati' (14 %).

L'effet de facteurs indépendants (température, humidité relative et vitesse du vent) sur la densité des populations de mouches noires du Figuier a été calculé par régression linéaire.

Il en ressort, d'une part, un effet direct positif de la température et de la vitesse du vent sur la vitalité des mouches et, d'autre part, un effet négatif et une relation inverse avec l'humidité relative.

 

M. SINGER (2016)

Référence : SINGER M., 2016, Essais de lutte contre la mouche Lonchaea aristella dans un verger de figuiers (Résultats 2015), Flash technique arboricole n° 2 du 2/02/2016, Sud & Bio / CIVAM bio 66.

Marie SINGER, technicienne en arboriculture au CIVAMBIO 66, a mis en oeuvre en 2015 un essai de piégeage de la mouche noire du Figuier sur une parcelle d'un producteur de figues Bourjassotte Noire en mode biologique des Pyrénées-Orientales, faisant suite à d'importants dégâts de cette mouche constatés en 2014 chez différents producteurs du département.

L'objectif était de trouver un attractif alimentaire qui puisse permettre de capturer suffisamment de mouches noires pour faire baisser significativement les populations, donc la pression, de ce ravageur.

Des pièges constitués par des bouteilles en plastique dur percées d'une douzaine de trous de 4 mm sur leur tiers supérieur ont été disposés dans une parcelle du verger très touchée par les dégâts de la mouche noire du Figuier en 2014 (un bloc de 200 arbres plantés en 2008, situés en bord de rivière et protégés par une haie).

Quatre attractifs ont été testés : Flyral (hydrolysat de protéines à 36%), nuoc-mâm (sauce à base de poisson fermenté), macérat de brindilles de figuier, mélange à base de levure de boulanger utilisé pour Drosophila suzukii (1,5 g de levure de boulangerie, 180 g de sucre et 3 gouttes de savon liquide pour 1 litre d'eau).

Le Flyral et le nuoc-mâm ont été utilisés purs sur une éponge accrochée à l’intérieur de la bouteille, avec de l’eau dans le fond de celle-ci pour faciliter la récupération des insectes.

Le macérat de brindilles de figuier et le mélange à base de levure de boulanger ont été versés directement dans le fond des bouteilles et non sur une éponge, ces préparations diluées étant moins odorantes que les précédentes.

Seize pièges (4 par attractif) pourvus d'un identifiant ont été mis en place dans le verger, accrochés à 1 arbre sur 2 sur le rang et sur 1 rang sur 2, en alternant les attractifs.

Les pièges ont été relevés chaque semaine du 24 juin au 20 octobre et déplacés chaque fois dans le verger pour augmenter l’effet de positionnement aléatoire.

Les attractifs versés directement dans la bouteille ont été renouvelés toutes les 3 semaines et les éponges ont été imbibées à nouveau toutes les deux semaines.

Les pièges avec le macérat de brindilles de figuier et ceux avec le Flyral ont été supprimés respectivement le 24 juillet et le 6 août car il était impossible de faire un comptage, de nombreuses espèces d’insectes étant capturées et se décomposant d’une semaine à l’autre.

Le 30 juillet, 4 pièges avec du phosphate diammonique (solution aqueuse à 4%) ont été ajoutés.

Au terme de l'expérimentation, l'analyse des résultats fait apparaître que le nombre des captures par attractif (total des 4 pièges) est faible : 193 individus en 80 jours avec le phospate diammonique ; 294 individus en 120 jours avec le mélange à base de levure de boulanger ; 96 individus en 120 jours pour le nuoc-mâm.

La moyenne par piège est la même pour le phosphate diammonique et le mélange à base de levure de boulanger : 0.60 mouche par jour, soit un peu plus de 4 mouches par semaine.

Elle est nettement moindre pour le nuoc-mâm : 0,20 mouche par jour, soit 1 mouche tous les 5 jours.

On peut donc noter que le mélange à base de levure de boulanger et le phosphate diammonique ont la même attractivité pour la mouche noire du Figuier et que le nuoc-mâm présente une attractivité 3 fois moindre.

Dans un but prophylactique, le producteur a ramassé les figues attaquées par la mouche noire au fur et à mesure de leur détection et les a enfermées dans des sacs en plastique afin de détruire les larves : 8.252 figues ont été retirées sur la parcelle de test pour l'année 2015, sur une période de début juillet à la mi-août (et 65.352 figues sur tout le verger).

Ce qui représente pour la parcelle de test une moyenne de 41 figues attaquées par arbre pour l'année.

Marie SINGER conclut de cette expérimentation que les meilleurs attractifs du test (mélange à base de levure de boulanger et phosphate diammonique) n'ont pas permis de capturer des mouches de la figue en nombre suffisant pour diminuer significativement les populations sur la parcelle de test.

Elle indique que les pertes de récolte dues à la mouche noire du Figuier ont été estimées à 20 % en 2015, mais que l'action prophylactique du producteur (ramassage immédiat des figues attaquées) a permis de limiter celles-ci, dans une proportion cependant difficile à chiffrer.

 

A. COSTA (2019)

Référence : COSTA A., 2019, El cultivo de la Higuera en el campo de Albatera, Newton publicaciones, 183 pages (ISBN 978-84-943430-3-2).

Alain COSTA, ingénieur agricole, conseille (notamment) les producteurs de figues de la région d'Albatera (Espagne), où se trouvent 216 ha de vergers commerciaux plantés de la variété bifère précoce 'Colar de Albatera'.

Dans l'ouvrage cité en référence, au chapitre consacré à la lutte contre Silba adipata McAlpine (page 134), il indique qu'un piège de type Olipe ou Eostrap rempli d'une solution de sulfate d'ammonium à 1-2 % peut s'avérer "d'une grande aide".

Il ajoute qu'une solution à 4 % de phospate diammonique fonctionne aussi comme attractif, mais dans une moindre mesure.

 

 

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