Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET

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Nutrition : observations diverses

 

 

 

OBSERVATIONS DE F. SILVESTRI

Selon Fillipo SILVESTRI, l'adulte "se nourrit de substances sucrées qu'il peut trouver sur les arbres".

Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146.

L'auteur ne précise pas de quels arbres il s'agit et il ne fait référence à aucune observation personnelle.

 

INFORMATIONS DE N. SCHEWKET

Nihat SCHEWKET, qui a étudié la mouche noire du Figuier au début des années 1930 en Anatolie occidentale (Turquie), indique que "les mouches aiment lécher les matières sucrées qu'elles peuvent trouver dans la nature, comme le miellat de Ceroplastes rusci L. ou celui des pucerons, et le jus des fruits mûrs ou pourris".

Il ajoute plus loin dans l'article que "les mouches se rencontrent en nombre important en août et septembre. Elles restent immobiles sur les figues mûres et lèchent la peau tendre et déchirée des fruits. C'est également le cas avec des figues pourries et d'autres fruits".

Référence : SCHEWKET N., 1934, Die Feigeninsekten und die wesentlichsten Ursachen der Feigenfruchtfaüle, Anzeiger für Schädlingskunde, 10 (10), 118-119 (achat article).

 

OBSERVATIONS DE J. GHESQUIERE

Jean GHESQUIERE précise que les femelles de la mouche noire du Figuier "se gavent abondamment de fruits en fermentation et de matières sucrées pendant les dix premiers jours de leur vie, c'est à dire avant leur maturité sexuelle".

Et il mentionne qu'il a observé la mouche noire du Figuier sur des rameaux de figuier attaqués par des cochenilles de l'espèce Ceroplastes rusci L., à la recherche des excrétions sucrées de celles-ci.

Référence : GHESQUIERE J., 1949, La mouche noire des figues Lonchaea aristella Beck. à la Côte d'Azur, comptes rendus des séances de l'Académie d'agriculture de France, T. 35, pp. 650-653.

Je note que l'auteur désigne des arbres fruitiers quand il évoque des fruits en fermentation, mais il ne précise pas de quelles espèces il s'agit.

 

OBSERVATIONS DE B. I. KATSOYANNOS

B. I. KATSOYANNOS a étudié des populations importantes de Silba adipata McAlpine en 1981 et 1982, dans l'île de Chios (Grèce).

Référence : KATSOYANNOS B. I., 1983, Field observations on the biology and behavior of the black fig fly Silba adipata McAlpine (Diptera, Lonchaeidae), and trapping experiments, Z. ang. Entomol. 95, pp. 471-476.

Il rapporte qu'en août 1982, alors que les figues n'étaient pas encore mûres, il a souvent observé des mouches noires du Figuier se nourrissant sur, ou dans, les fleurs d'une plante grimpante ornementale, le jasmin-trompette (Tecoma radicans Juss.), située à environ 50 m des figuiers.

Pendant la même période, il a également observé des mouches noires du Figuier sur des agrumes et des oliviers de la région.

 

OBSERVATIONS DE A. M. TALHOUK

Selon A. M. TALHOUK, repris par B. I.  KATSOYANNOS dans l'article précité, la mouche noire du Figuier a été observée en train de se nourrir d'exsudats d'une cochenille, le céroplaste du Figuier (Ceroplastes rusci L.) et d'exsudats d'autres insectes, ainsi que du jus sucré des figues mûres plus tard dans la saison.

Référence : TALHOUK A. M., 1969, Insects and mites injurious to crops in Middle Eastern Countries, Hamburg und Berlin, Paul PAREY.

 

OBSERVATION DE B. PEYRE

Bernard PEYRE, ancien producteur de figues et passionné de figuiers, m'a rapporté une observation personnelle de Silba adipata McAlpine se nourrissant ailleurs que sur le Figuier. En août 2019, dans la région de Béziers, il a observé sur un pêcher situé à quelques mètres de figuiers un individu de cette espèce qui suçait du miellat de pucerons sur la face supérieure d'une feuille.

 

MES OBSERVATIONS HORS DU FIGUIER

Pour ma part, je n'ai jamais rencontré Silba adipata McAlpine sur d'autres plantes que le Figuier.

Je puis toutefois rapporter des observations ponctuelles hors du Figuier, qui ont toutes été réalisées pendant des repas sur ma terrasse ou dans mon jardin, dans la même zone.

Il s'agit de la zone du devant de la maison, alors que mes figuiers sont tous situés à l'arrière de celle-ci, à une vingtaine de mètres de distance.

 

SEPTEMBRE 2017

En septembre 2017, une mouche noire du Figuier s'est posée sur un plat de figues de différentes variétés alors que je terminais de déjeuner sous un olivier.

Elle n'est restée que quelques secondes sur les figues.

 

JUILLET 2018

Le 2 juillet 2018, c'est au cours d'un dîner sur ma terrasse qu'une mouche noire du Figuier s'est posée sur le morceau de pain placé à côté de mon plat. Cette fois également, la mouche n'est restée que quelques secondes... J'avais observé son vol caractéristique d'approche à proximité du morceau de pain.

Le 8 juillet 2018, la mouche noire du Figuier a fait sa réapparition à ma table sur la terrasse en fin de dîner, vers 19 h 30.

Elle n'est pas venue se poser à 30 cm de moi comme la fois précédente, mais s'est posée près du bord le plus éloigné de moi. J'ai alors déplacé ma chaise de 50 cm en arrière en agissant doucement et la mouche s'est trouvée à environ 1 m de moi.
 

Silba adipata McAlpine sur le plateau d'une table de jardin

Silba adipata McAlpine sur le plateau d'une table de jardin
 

J'ai veillé à ne pas faire de gestes brusques et elle est restée plus de dix minutes, parcourant lentement le dessus de la table en le léchant.
 

Silba adipata McAlpine sur le plateau d'une table de jardin

Silba adipata McAlpine sur le plateau d'une table de jardin
 

Toutefois, j'ai remarqué qu'elle ne s'est pas arrêtée sur les miettes de pain qui jonchaient la table.

La mouche noire du Figuier ne s'est pas approchée de moi.

J'ai trouvé son comportement nerveux ; elle s'est abritée plusieurs fois sous le plateau de la table en virevoltant de son vol très vif saccadé en zig-zags courts et est réapparue chaque fois lentement à la marche sur le dessus du plateau.

Si j'ai pu prendre quelques photographies de loin, elle ne m'a pas laissé approcher l'appareil, signe qu'elle n'était pas calme...

 

AOÛT 2020

Le 24 août 2020, vers midi, je terminais mon déjeuner pris à l'ombre d'un Grevillea robusta A. Cunn. ex R. Br., à environ six mètres de la terrasse où  j'ai réalisé certaines des observations des années précédentes, lorsqu'une mouche noire du Figuier a fait son apparition à quelques centimètres au-dessus de la table.

Elle s'est posée en face de moi entre deux couverts et s'est déplacée en suçant-léchant la surface de la table, mais sans s'intéresser aux miettes de pain. Et elle ne s'est pas approchée de moi, restant sur la périphérie de la table opposée à ma place.
 

Silba adipata McAlpine sur le plateau d'une table de jardin

Silba adipata McAlpine sur le plateau d'une table de jardin
 

Elle s'est ensuite mise à voler autour des accoudoirs du siège de jardin non occupé auquel correspondaient les couverts. Et elle s'est posée sur l'un des accoudoirs.

Elle a fait ainsi l'aller-retour entre la surface de la table et les accoudoirs du fauteuil pendant un quart d'heure environ.

A un moment, elle s'est approchée de chacun des couverts.

D'abord le couteau, mais sans s'attarder.
 

Silba adipata McAlpine sur une table de jardin, près d'un couteau

Silba adipata McAlpine sur une table de jardin, près d'un couteau
 

Puis la fourchette et, par un court vol, elle s'est posée sur une des dents de celle-ci.

J'ai immédiatement fait le rapport avec le dessert, une crêpe flambée au rhum, dont les traces sur la fourchette ont attiré la mouche.

Et j'ai effectivement constaté que celle-ci était en train de consommer les reliquats de sucre et rhum. Mais elle est restée moins d'une minute sur la fourchette.
 

Silba adipata McAlpine posée sur une fourchette (dent la plus à droite ; ailes dirigées vers le bas)

Silba adipata McAlpine posée sur une fourchette (dent la plus à droite ; ailes dirigées vers le bas)
 

Je me suis demandé si l'association sucre / rhum pourrait être un attractif efficace pour Silba adipata McAlpine.

Le lendemain, j'ai déjeuné au même endroit et j'ai disposé sur la table, à l'écart, une petite assiette sur laquelle j'avais étalé du sucre en poudre imbibé de rhum.

Mais je n'ai détecté aucune présence de Silba adipata McAlpine...

Ni pendant le repas, ni pendant l'observation d'une heure que j'ai réalisée après le repas, avec l'assiette seule sur la table et en m'étant reculé de deux mètres.

 

MES OBSERVATIONS SUR LE FIGUIER

Sur le Figuier, j'ai observé longuement les activités de nutrition de Silba adipata McAlpine et je puis fournir la synthèse ci-après.

 

FEUILLES

Silba adipata McAlpine se nourrit surtout en léchant-suçant le dessous des feuilles, qui est son lieu de résidence principal sur le figuier.

Elle se nourrit peu en léchant-suçant le dessus des feuilles, qu'elle fréquente peu souvent.

Toutefois, elle peut y repérer du jus sucré tombé des figues ou du latex exsudant du limbe détérioré par des maladies cryptogamiques, deux sources d'alimentation qu'elle apprécie particulièrement.

Elle est aussi avide du latex suintant au niveau des points de rupture des pétioles de feuilles qui ont été accidentellement cassés.
 

Silba adipata McAlpine se nourrissant sur le revers d'une feuille de figuier

Silba adipata McAlpine se nourrissant sur le revers d'une feuille de figuier

 

FIGUES

En période de figues mûres, Silba adipata McAlpine se nourrit de celles-ci, dont elle est friande. Selon mes observations, elle pénètre très rarement dans l'ostiole et seulement de façon partielle.

Mais elle ne se nourrit pas à la surface des figues vertes immatures (dans lesquelles elle pond).

Elle consomme aussi le latex perlant à la surface des figues mûres (ou au stade la véraison) par les trous de ponte de la cératite (Ceratitis capitata Wiedemann).

J'ai pu  noter que la cératite est également attirée par le latex de Figuier, mais dans une bien moindre mesure et principalement à la surface des figues mûres par suite de ses pontes.
 

Silba adipata McAlpine se nourrissant à la surface d'une figue mûre

Silba adipata McAlpine se nourrissant à la surface d'une figue mûre

 

BOIS

Silba adipata McAlpine réside et circule peu sur le bois du Figuier.

Lorsqu'elle le fait, c'est sur les rameaux de l'année (de couleur verte, puis marron). Lors de ses parcours sur ceux-ci, elle en lèche-suce la surface, ainsi que celle des bourgeons (apical, axillaires) qui s'y trouvent.

Elle ne se nourrit pas à la surface du bois de couleur grise (un an et plus), zone du figuier qu'elle fréquente très rarement.

Et elle ne se nourrit pas non plus à la surface ou dans les anfractuosités du tronc (sur lequel elle ne se pose jamais).

Elle est avide du latex suintant des rameaux de l'année ou du vieux bois par suite des travaux de taille ou d'accidents (bris de branches ou rameaux, écorçage, arrachage de feuilles, arrachage de figues vertes immatures...).

 

Silba adipata McAlpine : marche et nutrition sur rameau de figuier (bois marron de l'année)

 

Remarque

Les activités de nutrition de Silba adipata McAlpine font ressortir un point spécifique qui distingue l'espèce des autres mouches fréquentant le figuier : elle consomme de façon avide le latex qui peut exsuder des différentes parties de l'arbre, comme indiqué plus précisément dans les paragraphes précédents.
 

Silba adipata McAlpine : consommation de latex sur le point d'attache d'une feuille de figuier arrachée

Silba adipata McAlpine : consommation de latex sur le point d'attache d'une feuille de figuier arrachée

 

Je consacre plusieurs chapitres aux observations de détail de la nutrition de Silba adipata McAlpine sur figuier (voir sommaire, accessible par le pointeur ci-après).

 

 

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