Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.

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Séquence de pontes d'une femelle sur un figuier

(caractéristiques)

 

 

Le présent chapitre recense les caractéristiques d'une séquence de pontes d'une femelle Silba adipata McAlpine sur un même figuier. Les principales observations de terrain qui ont permis de déterminer ces caractéristiques sont rapportées dans un chapitre spécifique.

Selon le plan suivant : non interruptibilité de la séquence de pontes, longueur d'une séquence de pontes, durée d'une séquence de pontes, observation à approfondir.

 

NON INTERRUPTIBILITÉ DE LA SÉQUENCE DE PONTES

 

La principale caractéristique du comportement de la femelle pondeuse de Silba adipata McAlpine est que celle-ci accomplit une séquence ininterrompue de pontes sur le même figuier.

Selon mes observations, quand la femelle arrive sur le figuier en situation de ponte, elle se pose directement sur une figue immature et commence à déposer des œufs sous les écailles ostiolaires de celle-ci. Puis elle accomplit immédiatement une séquence de pontes non interrompue qui peut concerner jusqu'à 20 figues.

La durée de cette séquence est variable : de 20 mn à 1 h 30, avec des exceptions plus courtes ou plus longues. Cela dépend du nombre de figues visitées, et du temps moyen passé sur chacune des figues par la femelle. Celui-ci peut être étonnamment différent d'une femelle à une autre. Et le temps passé sur une figue varie habituellement pour la même femelle d'une figue à une autre, au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

Pendant cette séquence, il n'est pas rare que la femelle dépose des œufs dans des figues dans lesquelles d'autres femelles ont déjà pondu. Et j'ai observé qu'elle dépose parfois des œufs dans une figue dans laquelle elle a préalablement pondu au cours de la même séquence.

Il est très important de souligner le caractère non interruptible de la séquence de pontes sur le même figuier.

Pendant cette séquence, la femelle est complètement absorbée dans sa tâche de dépôts des œufs. Entre deux pontes, elle ne se repose pas et elle n'est jamais intéressée par une source de nourriture, même s'il s'agit de suintement de latex frais, dont elle est habituellement très avide. De même, elle n'est pas distraite de sa tâche de ponte par d'autres mouches noires du Figuier qui peuvent se poser à côté de l'ostiole où elle opère, ou qui peuvent la frôler en vol (hors activité de ponte, cela provoque habituellement son envol pour réaliser un duo tourbillonnant avec la mouche qui l'a frôlée).

De ces observations du comportement de la femelle pondeuse de Siba adipata McAlpine, je tire la conclusion qu'un piège appâté avec un composant alimentaire (quel que soit celui-ci) ne capture jamais de femelles pondeuses de l'espèce, c'est à dire n'empêche jamais celles-ci d'exercer leur action néfaste sur la récolte de figues. L'action d'un tel piège se situe seulement au niveau de la baisse de la pression globale de la population d'individus de Silba adipata McAlpine, car il capture les mâles et les femelles (non pondeuses) venus sur le figuier pour se nourrir.

A la fin de la séquence de pontes, la femelle quitte le figuier. Elle n'y reste pas pour se nourrir. Ainsi, je suis enclin à considérer que la femelle pondeuse de Silba adipata McAlpine a été en contact uniquement avec des figues immatures au cours de son séjour sur le figuier.
 

Silba adipata McAlpine : femelle au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

Silba adipata McAlpine : femelle au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

 

Silba adipata McAlpine : femelle au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

Silba adipata McAlpine : femelle au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

 

Silba adipata McAlpine : femelle au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

Silba adipata McAlpine : femelle au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

 

LONGUEUR D'UNE SÉQUENCE DE PONTES

 

Au cours de la campagne d'observation des pontes 2020, j'ai pu établir que la femelle Silba adipata McAlpine peut atteindre un nombre de 20 pontes successives sur un même figuier. Mais le nombre de pontes successives d'une même femelle que j'ai compté le plus fréquemment est de 3 à 5 pour les séquences courtes, et de 9 à 13 pour les séquences longues.

Il faut avoir à l'esprit qu'il s'agit de décomptes de pontes observées, qui n'incluent pas les pontes éventuelles non visibles au début ou en cours de séquence. Lorsque j'observe une ponte depuis le poste d'observation, si je n'ai pas vu la femelle arriver sur le figuier (il est très rare de pouvoir le faire), il faut ajouter de 1 à 5 pontes pour le début de séquence non vu, auxquelles s'ajoutent 3 à 5 pontes si je perds de vue la femelle pondeuse au cours de la séquence pour la retrouver 10 à 20 minutes après.

Ainsi, les séquences de pontes courtes les plus fréquemment observées (3 à 5 pontes) sont en réalité (sauf rares cas où j'aurais pu voir arriver la femelle sur le figuier) des séquences qui comptent au minimum de 4 à 6 pontes, et qui peuvent compter jusqu'à 8 à 10 pontes. Et les séquences de pontes longues les plus fréquemment observées (9 à 13 pontes) sont en réalité (sauf rares cas où j'aurais pu voir arriver la femelle sur le figuier) des séquences qui comptent au minimum de 10 à 14 pontes, et qui peuvent compter jusqu'à 14 à 18 pontes. Sachant que, s'agissant de séquences de pontes longues les plus fréquemment observées, et non des séquences de pontes les plus longues, la valeur 18 ne constitue pas le nombre maximum de pontes successives observables ou réelles d'une femelle sur le même figuier.

Pour évaluer la totalité d'une séquence de pontes, il convient de prendre en compte aussi les pontes qui peuvent intervenir pendant les périodes où je perds de vue la femelle pondeuse, pour la retrouver 10 à 20 minutes après. Pendant ce laps de temps, de 3 à 5 pontes ont pu avoir lieu, selon le temps moyen passé sur chacune des figues par la femelle considérée (qui lui est spécifique).

Pour expliquer les valeurs utilisées pour passer du nombre de pontes successives observées au nombre de pontes réelles de la séquence, il convient de se référer à ma méthode d'observation. Celle-ci est la position assise à 2 mètres du figuier, à un endroit permettant la vue sur le maximum de groupes de figues immatures (la moitié de ceux-ci seulement, en raison du volume du figuier, bien qu'ils soient effeuillés sélectivement), entrecoupée toutes les quinze à vingt minutes d'un tour très lent autour du figuier (7 minutes), au cours duquel je me livre à un examen minutieux de la totalité des groupes de figues.

En fait, pendant la campagne d'observation des pontes de 2020, je me suis trouvé dans deux cas d'observation des séquences de pontes : soit à mon arrivée sur le poste d'observation (au cours d'un premier tour immédiat du figuier), soit au cours de la séance d'observation, une fois installé sur le poste d'observation.

Dans le premier cas, j'ai vraisemblablement observé presque toujours une séquence de pontes en cours. Mon arrivée a pu coïncider avec la première ponte de la séquence, mais la probabilité en est faible. Dans ce premier cas, de très faible occurrence par rapport au second, je ne peux pas estimer le nombre de pontes éventuellement non vues depuis le début de la séquence. Dans le second cas, la probabilité de prendre une séquence de pontes en cours est également très forte, car il est très rare de pouvoir observer l'arrivée d'une femelle pondeuse sur le figuier. Mais je peux estimer le nombre de pontes éventuellement manquées au début de la séquence.

Lorsque je suis assis, une femelle pondeuse peut se présenter dans mon champ d'observation après avoir commencé sa séquence de pontes dans les groupes de figues non visibles depuis le poste d'observation. Je puis aussi la détecter lors d'un tour du figuier, mais elle a alors commencé sa séquence de pontes (entre deux tours successifs de ma part) dans la partie des groupes de figues non visibles depuis mon poste d'observation. Compte tenu de la régularité des tours autour du figuier que je m'astreins à respecter, et de la durée séparant deux tours successifs (quinze à vingt minutes), je considère que je puis manquer au maximum les 5 premières pontes de la séquence (donc de 1 à 5 pontes).

Etant souligné que le nombre de pontes non vues ne peut pas être estimé dans le cas de l'observation d'une séquence de pontes au hasard d'un passage dans le verger (c'est à dire hors poste d'observation avec la méthode exposée ci-dessus).
 

Silba adipata McAlpine : femelle visitant une figue au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

Silba adipata McAlpine : femelle visitant une figue au cours de sa séquence de pontes sur le même figuier.

 

DURÉE D'UNE SÉQUENCE DE PONTES

 

La durée d'une séquence de pontes de Silba adipata McAlpine sur un même figuier dépend du nombre de pontes constituant la séquence, et de la durée de présence de la femelle sur chacune des figues concernées par une ponte (temps de ponte stricto sensu + temps de présence hors ponte sur la figue : marche, toilettage, ou présence immobile, parfois longue).

En toute rigueur, il faut y ajouter la durée des "tests de figues" (figues visitées sans y pondre) entre deux figues donnant lieu à ponte : temps de séjour sur la figue (généralement, de 2 à 20 secondes par figue testée). Etant rappelé que, selon mes observations, entre deux pontes successives, une femelle pondeuse teste de 1 à 5 figues sans y pondre. Et il faut ajouter aussi les tremps de vol d'une figue à l'autre (figues visitées et figues testées), qui représentent un maximun de 2 minutes pour une séquence comptant 10 ovipositions.

Il n'y a pas d'autres temps intermédiaires à prendre en considération. Au cours d'une séquence de pontes d'une femelle, je n'ai jamais observé d'activité de nutrition (même en présence de points de suintement de latex frais), ni de temps de repos sur le revers des feuilles ou sur le bois de l'année, ni de détournement de l'activité de ponte par la proximité de mouches consommatrices, posées sur l'arbre ou passant très près en vol.

J'ai remarqué que les temps passés sur une figue varient significativement d'une femelle pondeuse à l'autre, au niveau du temps de ponte, du temps hors ponte passé sur la figue, ou des deux. De ce fait, pour un nombre égal de figues visitées, il n'est pas rare de constater une durée de séquence de pontes qui varie du simple au double d'une femelle pondeuse à une autre.

Selon mes observations, je retiens 1 h à 1 h 30 comme durée la plus fréquente pour les séquences de pontes longues, et 20 à 40 mn pour celle des séquences de pontes courtes.

Il s'agit de la durée de la séquence des pontes observées, à laquelle il conviendrait d'ajouter la durée des pontes de début de séquence que j'ai éventuellement manquées (donc la durée de 1 à 5 pontes, très variable, que l'on peut estimer à 5 à 30 mm). Etant souligné que la fourchette de 1 à 5 pontes non vues ne peut être retenue que pour des séquences de pontes observées depuis un poste fixe avec la méthode exposée supra ; le nombre de pontes non vues et leur durée ne peuvent pas être estimés dans le cas de l'observation d'une séquence de pontes au hasard d'un passage dans le verger. La durée des pontes réalisées pendant les périodes où j'ai perdu de vue la femelle pondeuse au cours de la séquence de pontes n'est pas à rajouter, car incluse dans le chronométrage global de celle-ci.

Exemples de séquences de pontes observées en juin 2020 (touffe de figuier de la variété unifère 'Bellone').

16 pontes en 1 h 25 mn (2 juin, 12 h 45 à 14 h 10) ; 12 pontes en 1 h 20 mn (3 juin, 17 h 35  à 18 h 55) ; 11 pontes  en 1 h 24 mn (16 juin, 16 h 36 à 18 h) ; 13 pontes en 1 h (13 juin, 18 h à 19 h) ; 9 pontes en 26 mm (6 juin, 14 h 40 à 15 h 06) ; 7 pontes en 50 mn (7 juin, 8 h 50 à 9 h 40) ; 6 pontes en 21 mn (16 juin, 12 h 44 à 13 h 05).

Exemples de séquences de pontes observées en avril 2021 (figuier de la variété 'Grise de la Saint-Jean').

10 pontes en 45 mn (13 avril, 17 h à 17 h 45) ; 7 pontes en 45 mn (31 mars, 14 h 30 à 15 h 15) ; 6 pontes en 40 mn (23 avril, 10 h 50 à 11 h 30).
 

Silba adipata McAlpine : femelle frottant son ovipositeur avec ses pattes arrière à la fin d'une oviposition.

Silba adipata McAlpine : femelle frottant son ovipositeur avec ses pattes arrière à la fin d'une oviposition.

 

OBSERVATION A APPROFONDIR

 

Il s'agit de l'arrivée et du départ du figuier de la femelle pondeuse. Selon mes observations de juin 2020, il semble que la femelle Silba adipata McAlpine pondeuse arrive de l'extérieur pour pondre sur un figuier donné, réalise sa séquence de pontes, puis quitte le figuier sur lequel elle vient de pondre.

La séquence de pontes d'une femelle sur un figuier ne serait donc pas précédée ni suivie d'autres activités de celle-ci sur le figuier. La femelle pondeuse ne serait pas une femelle présente sur le figuier pour des activités de nutrition qui se mettrait à pondre, et elle ne se livrerait pas à des activités de nutrition sur le figuier après avoir terminé sa séquence de pontes sur celui-ci.

Ce point mérite approfondissement, pour confirmation ou infirmation, lors de mes observations de pontes postérieures à l'année 2020. Mais lors de l'observation d'une séquence de 3 pontes successives réalisée le 23 juin 2021 sur mon figuier de la variété 'Bellone', j'ai nettement vu la femelle quitter immédiatement le figuier à la fin de la séquence de pontes, et j'ai pu le vérifier par deux inspections immédiates consécutives du figuier.

Il convient de procéder à un nombre plus important d'observations pour pouvoir tirer des conclusions probantes.

 

 

REMARQUE

La nuisance d'une séquence de pontes d'une femelle sur le même figuier est atténuée par deux facteurs : la pluralité de pontes dans une même figue et les fausses pontes. Elle peut même être totalement annihilée dans le cas d'une séquence de pontes stériles. Voir ce chapitre pour les pontes multiples dans une même figue, et ce chapitre pour les fausses pontes et les pontes stériles.

 

 

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