Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.

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Hivernation

 

 

 

Selon le plan suivant : mode d'hivernation, température hivernale létale, influence des conditions climatiques hivernales.

 

MODE D'HIVERNATION

 

Je n'ai pas pu réaliser d'observations personnelles du mode d'hivernation de Silba adipata McAlpine. J'ai trouvé très peu d'informations publiées sur ce sujet, et je les rapporte ci-après.

 

F. SILVESTRI

Selon Fillipo SILVESTRI, l'adulte apparu en fin d'automne de l'année précédente "doit hiverner". Son hypothèse d'hivernation à l'état adulte (diapause) repose sur le fait qu'il n'a jamais trouvé de larves de décembre à début avril, ni vu de pupes rester en l'état pendant une telle période. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146.

Sans qu'il ne le formule explicitement, F. SILVESTRI a dû se demander si la mouche noire du Figuier n'hiverne pas dans les mamme des caprifiguiers. Il s'agit des figues bien développées que l'on observe l'hiver sur les branches dépourvues de feuilles des caprifiguiers et qui abritent les larves du blastophage (Blastophaga psenes L.), leur permettant ainsi de passer l'hiver à l'abri. F. SILVESTRI insiste sur le fait qu'il n'a jamais trouvé de larves de la mouche noire du Figuier dans les mamme qu'il a examinées en hiver, en quelque état que se soit. Il n'y a trouvé que des enveloppes d'oeuf ouvertes, en nombre important. Il cite en exemples des observations qu'il a réalisées les 6, 7, 9 et 29 décembre 1916 à Portici, Resina, Lecce, Salemi et Cosenza (de 28 à 127 mamme examinées par journée). Il mentionne aussi les observations qu'il a effectuées de janvier à mars 1917 sur des mamme reçues d'Algérie, d'Espagne et du Portugal, ainsi que sur des mamme de Portici.

 

N. SCHEWKET

Nihat SCHEWKET, qui a étudié la mouche noire du Figuier au début des années 1930 en Anatolie occidentale (Turquie), indique que "l'hivernation se fait sous forme de pupe dans la terre, très rarement sous forme de larve". Référence : SCHEWKET N., 1934, Die Feigeninsekten und die wesentlichsten Ursachen der Feigenfruchtfaüle, Anzeiger für Schädlingskunde, 10 (10), 118-119 (achat article).

Cette affirmation contredit l'hypothèse d'une hivernation à l'état adulte avancée par F. SILVESTRI. N. SCHEWKET ne fait référence à aucune observation personnelle, et il ne fournit dans l'article aucun autre élément relatif à l'hivernation. Mais il emploie une tournure affirmative et la teneur globale de son article montre qu'il a étudié sur le terrain la mouche noire du Figuier de façon approfondie. De plus, la précision relative à l'hivernation sous forme de larve dans de très rares cas est inédite. On pourrait donc penser que ses indications résultent d'observations personnelles, mais, en toute rigueur, avec la simple phrase contenue dans l'article, on ne peut l'assurer.

 

R. PUSSARD

Roger PUSSARD, qui était directeur de la Station de zoologie agricole et de l'Insectarium d'Antibes (Alpes-Maritimes), indique que "pour SCHEWKET, en Turquie, l'hivernation aurait lieu sous forme de pupe, très rarement de larve". Référence : PUSSARD R., 1950, A propos de la mouche noire des figues Lonchaea aristella Beck., comptes rendus des séances de l'Académie d'agriculture de France, T. 36, pp. 144-145. Il cite en référence le document suivant : SCHEWKET N., 1934, Die Feigeninsekten und die wesentlichsten Ursachen der Feigenfruchtfaüle, Anzeiger für Schädlingskunde, 10 (10), 118-119, Berlin.

R. PUSSARD apporte une contribution personnelle en ajoutant que le 5 octobre 1949 et le 20 janvier 1950, il a cherché en vain des pupes dans les dix premiers centimètres de terre sous les figuiers de la région de Solliès-Pont (Var). Ceux-ci avaient pourtant été particulièrement touchés par la mouche noire du Figuier l'été précédent, où la perte en tonnage d'expédition fut de plus de 20 % (la région de Solliès-Pont était déjà un important centre de production de figues avec 300 hectares de culture mixte, et une expédition annuelle de 1500 tonnes de figues fraîches).

 

J. GHESQUIERE

Jean GHESQUIERE, entomologiste belge, indique que "l'insecte hiberne à l'état de pupe, rarement à l'état larvaire". J. GHESQUIERE cite N. SCHEWKET parmi ses sources pour le cycle évolutif, sans mentionner en référence l'article de cet auteur. Référence : GHESQUIERE J., 1949, La mouche noire des figues Lonchaea aristella Beck. à la Côte d'Azur, comptes rendus des séances de l'Académie d'agriculture de France, T. 35, pp. 650-653.

 

CONSULTATION DU SITE EPHYTIA (INRAE)

J'ai consulté le site Ephytia (INRAE), recensant les ravageurs européens. A la date de la dernière consultation du site (11 juillet 2023), Silba adipata McAlpine n'est pas référencée sur celui-ci. Pour la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata Wiedemann), ce site indique que l'hivernation se fait sous forme de pupe mais que l'on a observé dans le sud de l'Italie des adultes ayant réussi à passer l'hiver dans des orangers tardifs.

 

Pour moi, à l'examen des informations ci-dessus, la question d'une hivernation à l'état de pupe dans le sol, ou à l'état d'adulte (diapause) dans des endroits abrités, reste ouverte pour la mouche noire du Figuier...
 

Silba adipata McAlpine : regroupement autour d'un point de suintement de latex

Silba adipata McAlpine : regroupement autour d'un point de suintement de latex.

 

TEMPÉRATURE HIVERNALE LÉTALE

 

Mon jardin est situé dans une région qui est très sensible à la mouche noire du Figuier, mais qui n'a pas connu au cours des récentes années de variations notables de températures hivernales (habituellement douces), ni de gels tardifs (pratiquement inexistants). De ce fait, je ne possède pas d'observations personnelles relatives à la température hivernale létale pour la mouche noire du Figuier.

Je puis toutefois faire état de l'observation d'une température inhabituellement basse dans ma région qui n'a pas eu de conséquence sur l'activité de la mouche noire du Figuier. En janvier 2023, un coup de froid a abaissé la température à -3,2 °C à la fin de la nuit, et n'a pas duré dans la journée qui a suivi. Je n'ai pas constaté de conséquences sur l'activité des mouches noires du Figuier, qui a été du même niveau élevé que les années précédentes, avec en particulier des attaques intenses sur mon figuier de la variété 'Bellone' pendant la première quinzaine de juin.

Aucun de mes correspondants ne m'a fourni des indications sur la température létale pour la mouche noire du Figuier, et, jusqu'à présent (2023), je n'ai pas trouvé mention de celle-ci (même de façon approximative) dans la littérature spécialisée française et étrangère.

En France, Silba adipata McAlpine est très active dans la région méditerranéenne, de la frontière italienne à la frontière espagnole, sur une bande côtière de 30 km de large. Mais selon les observations rapportées par certains de mes correspondants, on la trouve dans des plaines de climat doux jusqu'à 150 km de la mer (ligne Toulouse-Avignon).

Elle est vraisemblablement présente dans des zones de climat doux de latitude beaucoup plus haute, avec une activité faible pour le moment, comme le prouve une identification que j'ai été amené à réaliser en juillet 2023 de huit individus de l'espèce Silba adipata McAlpine, piégés sur un figuier dans une petite ville située à la latitude de plus de 47 ° nord...
 

Silba adipata McAlpine : ponte sous une écaille ostiolaire d'une figue immature.

Silba adipata McAlpine : ponte sous une écaille ostiolaire d'une figue immature.

 

INFLUENCE DES CONDITIONS CLIMATIQUES HIVERNALES

 

Selon les observations de Margaux ALLIX et de Bernard PEYRE, qui conseillent au plan technique des producteurs de figues, les variations des populations de mouche noire du Figuier d'une année sur l'autre en fonction des conditions climatiques hivernales sont les mêmes que celles observées pour les autres mouches des fruits. En particulier, la cératite et la mouche de l'olive, avec lesquelles la mouche noire du Figuier est synchronisée. Si l'hiver est doux et humide, les conditions sont favorables pour l'apparition au printemps d'importantes populations de mouches noires du Figuier. Si l'hiver est froid, avec des gels importants, les populations apparaissant au printemps sont réduites.

Il faut souligner que l'occurrence de gels tardifs sévères limite considérablement les populations de mouches noires du Figuier. Un exemple significatif est l'accident climatique rare survenu dans le Sud-Ouest de la France, que m'ont rapporté Margaux ALLIX et Bernard PEYRE. Le 20 avril 2021, une vague de froid exceptionnelle a frappé cette région, abaissant les températures à -3 à -6 °C, selon les endroits, dans les vergers commerciaux de figuiers. Et le froid a duré pendant deux à trois jours, avec une intensité variable. Dans certains vergers, toutes les pousses de l'année ont gelé, puis sont reparties, induisant un retard de fructification de deux à trois semaines.

A la suite de cet accident climatique, Margaux ALLIX a observé que dans les vergers de figuiers habituellement modérément sensibles à Silba adipata McAlpine, les dommages dus au ravageur ont été quasiment nuls. Et que dans ceux habituellement sensibles au ravageur, les dégâts ont été de faible importance (perte de récolte inférieure à 5 %). Mais elle a noté que dans un verger régulièrement très sensible au ravageur, les dégâts ont été plus importants (par exemple, 1 à 2 figues attaquées par rameau pour les figuiers des variétés ‘Panachée’ et ‘Longue d’Août’).
 

Silba adipata McAlpine : nutrition sur pétiole de feuille de figuier coupé.

Silba adipata McAlpine : nutrition sur pétiole de feuille de figuier coupé.

 

Je fournis dans un chapitre spécifique des observations concernant les époques de début et de fin d'activité de Silba adipata McAlpine (sortie d'hivernation et premières pontes, dernières pontes de l'année et fin de présence dans mon jardin).

 

 

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